Après son Tabou (2012) et ses Milles et une nuits (2015), le cinéaste portugais, Miguel Gomes, nous propose un Grand tour en extrême orient sur les traces d’un fiancé qui fuit le mariage. En salle.
D’un côté, le récit d’une course-poursuite transfrontalière menée par une femme qui refuse de croire à la couardise de son promis. De l’autre, des séquences qui documentent certains rites culturels pratiqués dans les différents pays visités (Birmanie, Japon, Chine, Vietnam, Thaïlande, Philippines, Singapour...). D’un côté, des images en noir et blanc censées se passer en 1918. De l’autre, des prises de vues en couleurs captées de nos jours. D’un côté, des personnages britanniques qui s’expriment tous en portugais. De l’autre une voix off qui change de langue au gré des pays parcourus. D’un côté, des repères formels bien établies. De l’autre, un jeu d’alternance entre ceux-ci qui cultive le trouble. Les questions se bousculent. Pourquoi l’homme fuit-il ? Que cache l’obstination dont la femme fait preuve ? Dans quel pays voisin sommes-nous ? Que signifient ces différentes pratiques ? Les frontières se brouillent face à cet allant qui fait autant feu de la forme que du fond. Avec une curiosité insatiable, la fiction se mêle au documentaire, le noir et blanc à la couleur, le début du XXème siècle au début du XXIème, l’Europe à l’Asie, et, pouvoir qu’a seul le cinéma, la mort à la vie. C’est bien à un film de mariages auquel nous assistons mais pas à celui auquel on s’attendait. Magique.
© 2024 Uma Pedra No Sapato Vivo film Shellac Sud-Cinema